Ce blog est entièrement consacré au polar en cases. Essentiellement constitué de chroniques d'albums, vous y trouverez, de temps à autre, des brèves sur les festivals et des événements liés au genre ou des interviews d'auteurs.
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Bonne balade dans le noir !

dimanche 19 octobre 2014

[Chronique] - JKJ Bloche 24 – L'Ermite, par Dodier (Dupuis)

Jérôme K. Jérôme Bloche est convoqué chez un notaire, pour une affaire testamentaire. Oh, ce n'est pas lui qui est concerné directement, mais un homme qu'il ne connaît pas, un certain Antoine Oliveira, habitant de Villard le Vieux, dans les Alpes de Haute Provence. Le notaire confie à Jérôme une lettre destinée à cet homme, une lettre dont il ignore tout du contenu. L'homme de loi précise juste au détective que ce courrier lui a été remis par un client, décédé la veille, et qu'elle ne peut être envoyée par la Poste, le village d'Oliveira ayant été rayé de la carte suite à son engloutissement sous les eaux lors de la construction du barrage de la région. Voilà donc Jérôme en avion pour le sud, avec Babette, son éternelle fiancée...et pour l'occasion coach personnel pour passager handicapé des airs. Une fois sur place, le duo prend aussitôt les petites routes de montagne pour atteindre Villard le Vieux, ou ce qu'il en reste. Un orage de grêle et un accident plus tard, et les voilà en présence du destinataire de la lettre. Le vieil homme va avoir une étrange réaction à la lecture de ce pli apporté par Jérôme et Babette...

Le désormais plus célèbre détective parisien - après Nestor Burma, d'accord - quitte cette fois son univers urbain pour une escapade montagnarde, et une aventure qui tient plus de la mission administrative que de l'enquête. Dodier met en place pour ce vingt-quatrième tome un récit à double niveau : le périple du duo de messagers Jérôme-Babette d'un côté, et le passé de l'homme qu'ils doivent retrouver, de l'autre. Comme toujours, les scènes où le couple est en action sont éminement vivantes, avec cette tension née de leurs caractères bien trempés, et de leurs façons respectives de réagir face à l'imprévu, bien souvent divergentes. Cette petite atmosphère électrique, légère, vient atténuer l'histoire beaucoup plus sombre, elle, de l'ermite - l'homme destinataire de la lettre - et de son fils, narrateur d'un passé tragique et pesant. Dodier réussit une fois de plus à faire passer des émotions , des sentiments, en un mot de l'humanité, à partir d'une trame narrative simple. En cela JKJ Bloche reste une série vraiment à part, et elle traverse les années sans jamais succomber aux modes, graphiques notamment, du moment. Un manque d'évolution de la part de Dodier ? Pas vraiment : son trait s'est affiné au fil du temps, son jeu sur les ombres perfectionné, et son talent pour créer des situations angoissantes en quelques cases demeure intact. Pour résumer, voilà une série qui continue de conserver une fraîcheur d'esprit, et une intelligence qui font plaisir : passer un moment avec ce brave Jérôme, c'est presque se réconcilier avec notre société malade. Un remède indispensable, non ? 

Et si vous avez raté quelques autres tranches de la vie trépidante de JKJ Bloche : le lien vers le site de toutes ses aventures.  

Jérôme K Jérôme Bloche 24 – L'Ermite ***
Scénario et dessin : Alain Dodier
Dupuis, 2014  - 56 pages couleur - 12 €

dimanche 12 octobre 2014

[Prix SNCF polar BD 2015] - Docteur Radar, de Simsolo et Bézian (Glénat)

Aristide Vernon est retrouvé pendu dans sa cave. Bruno Vaillant est repêché dans l'Elbe, le visage écrabouillé. Gontran Saint-Clair est découvert dans le Paris-Berlin, empoisonné au curare. Trois victimes, et un point commun :  trois hommes de science travaillant sur la conquête de l'espace. Ferdinand Straub "gentleman-détective" s'intéresse à l'affaire. Il se rend chez la veuve de Saint-Clair, qui lui remet une liste de savants en contact avec feu son mari. Sur cette liste figure justement la prochaine victime, le docteur Lenoir, qui s'écroule, dans le hall de chez Maxim's, piqué par un scorpion ! Straub arrive à l'instant même où le drame vient de se jouer, et il découvre que Lenoir avait rendez-vous avec un mystérieux docteur Radar. Serait-ce l'esprit maléfique à l'oeuvre dans cette gigantesque opération d'éliminations de scientifiques ? Straub se lance à la poursuite de Radar...

Déguisements, course-poursuites, passage dans les égouts et déambulations dans des ruelles inquiétantes, commissaire de police ridicule, héros intrépide, assistant débrouillard, jeune femme en détresse... tous les ingrédients du roman feuilleton sont là. C'est bel et bien un hommage aux héros des années 50 qu'a souhaité rendre Simsolo, et c'est magnifiquement réussi. La très bonne idée est d'avoir introduit dans la galerie de personnages la figure de Pascin, le peintre "dépravé", ici en acolyte du détective, et d'en avoir fait la partie un peu canaille de Straub. Frédéric Bézian a suivi les pistes de son scénariste, et Pascin est ainsi une "sorte d'Amalric mâtiné de Gainsbourg". Et son Straub est "une espèce de Philippe Clay". Voilà pour les portraits. Et pour ce qui est d'animer tout ce petit monde de la nuit, Bézian l'avoue : "J'ai dû trouver ma propre façon de faire. Outre la gestuelle des personnages, qui vient plus du théâtre et du cinéma expressionniste que de la bande dessinée, il y a le trait, le geste que j'ai fini par acquérir. Parfois, j'impose à mes personnages des postures extrémistes, difficilement compréhensible. Je veux dire que moi-même j'ai du mal a dessiner ce que j'imagine". Que Bézian soit rassuré ! Non seulement le lecteur comprend bien ses intentions, mais de plus, ce Docteur Radar se dévore, tant on est vraiment dans une ambiance Rocambole - ou Rouletabille - immédiatement accrocheuse. Frédéric Bézian, dont le style est parfois qualifié de "difficile", signe ici un album plus accessible pour le "grand public" que son précédent  - et excellent - titre ("Aller retour"). C'est donc aussi le moment de (re)découvrir un très grand dessinateur...
A noter que "Docteur Radar" fait partie de la sélection pour le Prix SNCF du polar BD 2015.

 
Docteur Radar, tueur de savants
Texte Noël Simsolo et dessin  Frédéric Bézian
Glénat, 2014 – 64 pages couleur  - 19,50 €

vendredi 10 octobre 2014

[Prix] – Le Dahlia noir, adapté par Miles Hyman, Trophée 813 de la Bande Dessinée 2014

C'est la saison des prix, et en attendant le Goncourt des lycéens, ou celui que vous préférez, l'association « 813 » des Amis des littératures policières a décerné ses Trophées, et celui qui récompense la meilleure bande dessinée de l'année, est allé, après le vote des adhérent-e-s, à Miles Hyman et Matz, pour leur adaptation du célébrissime "Dahlia Noir" de James Ellroy
Il s'agit du reste plus d'une adaptation du scénario écrit par David Fincher, que lui même a écrit pour le cinéma, que d'une adaptation du roman d'Ellroy. D'où les quatre noms au générique de ce volume dense, (170 pages, il fallait bien ça) paru comme il se doit dans la collection Rivages/Casterman/Noir.
Un succès attendu, à vrai dire, car même si la concurrence était relevée (Mon ami Dahmer, Blacksad 5, J'aurais ta peau Dominique A, Tyler Cross et Crève Saucisse), il lui a été difficile de lutter contre un album en pleine phase de succès. Et il fallait voir la file d'attente à Villeneuve lez Avignon, le jour même où les Trophées étaient proclamés au festival de Pau : les piles d'albums ont fondu à vitesse grand V... tout comme celle de Max Cabanes, d'ailleurs (son "Fatale" est superbe, mais je me répète).

Les autres lauréats de ces Trophées sont Sandrine Colette, pour "Les Noeuds d'acier" (Denoël), dans la catégorie roman francophone, Sam Millar pour "On the brinks" (Seuil) dans la catégorie roman étranger et Philippe Blanchet pour son livre d'entretien avec François Guérif "Du polar" (Rivages), dans la catégorie Prix Maurice Renault. Tout ça vous parait obscur ? Normal c'est du Noir. Mais, un petit tout sur le blog de 813, et vous serez éclairé(e).

vendredi 3 octobre 2014

[Festival sudiste] – Villeneuve lez Avignon : 10 ans de polar !

C'est parti pour la dixième festival du polar de Villeneuve-lez-Avignon, placé cette année sous la bannière "Arts et Polar". Une édition qui s'annonce somptueuse, avec un programme riche, et rappelons pour les béotiens - comme moi - qui n'y sont jamais allé, dans un cadre splendide !

Déjà, la ville est chouette, mais les organisateurs ont la bonne habitude d'investir l'historique Chartreuse pour y accueillir projections, tables rondes et dédicaces des auteurs.
Et ça commence dès ce vendredi à 18h30 avec la projection de la sélection des courts-métrage du prix SNCF du polar 2015, suivie de celle de "The Lodger", film muet d'Hitchcok, accompagné par l'Orchestre Régional Avignon Provence. Rien que ça...

 
Coté auteurs invités, y'en a des tas, (un petit clic ici pour avoir la liste) dont Marc Villard, "auteur associé" à cette édition. 

J'aurais la joie de le retrouver autour d'une table ronde avec Miles Hyman (auteur de l'affiche de cette année) Max Cabanes et Jean-Christophe Chauzy, autour du thème "quand les écrivains du polar se mettent en cases". Ce sera dimanche à 14h.

La veille, samedi, à 14 heures, j'aurai passé au grill Anthony Pastor.
 
Et pour la BD, outre ces quatre dessinateurs, comptez sur la présence de Chetville, Sébastien Goethals, Dominique Rousseau et Titwane. 

 Voilà. Ce week-end, une seule chose à faire : foncer plein sud, et commencer à ralentir quand la Cité des Papes est en vue. Et après, comme disait Georges : il suffit de passer le pont.
Et de pousser la grille...