Ce blog est entièrement consacré au polar en cases. Essentiellement constitué de chroniques d'albums, vous y trouverez, de temps à autre, des brèves sur les festivals et des événements liés au genre ou des interviews d'auteurs.
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Bonne balade dans le noir !

mercredi 30 mai 2012

[Hurrah !] - "Grandville mon amour" premier prix SNCF Polar BD !

Bryan Talbot avec Claire Deslandes, des éditions Milady

 And the winner is... Bryan Talbot ! Yes !

C'est donc de l'autre côté de la Manche que va partir le trophée récompensant le premier prix SNCF polar BD. Rappelons que pour cette arrivée de la BD dans le célèbre Prix Polar SNCF, cinq albums étaient en compétition et que le public a choisi la BD la plus spectaculaire de la sélection, la plus divertissante certainement également, mais peut-être pas celle qu'on attendait. A moins que Grandville mon amour n'ait bénéficié d'un certain « effet Blacksad » ? 
Pour les étourdis, je rappelle que cet album fait partie de la grande famille des BD animalières, mais qu'elle recouvre plus d'un genre, comme j'avais pu vous le dire dans mes précédentes chroniques. C'est une formidable série – ce tome est le deuxième, mais peut se lire indépendamment du premier – dans un univers uchronique et steampunk, au sein duquel Bryan Talbot fait mener à des inspecteurs de choc des enquêtes de facture classique mais au dynamisme explosif. Car si on vante, à raison, la qualité du dessin de Guarnido dans Blacksad, il est peut-être temps de se rendre compte de l'immense  talent de Talbot dans cette catégorie si particulière qu'est la BD anthropomorphique. Ceux qui connaissaient son oeuvre antérieure ne seront pas surpris par ces propos. Mais ceux qui ont découvert cet auteur avec cette série, comme c'est le cas je pense pour une grande majorité des lecteurs-votants de ce prix, le choc visuel, et narratif, a dû être grand ! 

Bryan Talbot était présent hier à Paris et il était très sincèrement ému et heureux de recevoir ce prix. En discutant un peu avec lui, j'ai appris qu'il venait de juste de terminer le troisième Grandville, qui s'appellera « Bête Noire », et sera vraisemblablement traduit pour Milady. Espérons-le, car c'était tout de même un pari pour ce label – qui n'est autre que la branche graphique des éditions Bragelonne – et souhaitons aussi que ce prix soit bénéfique au premier volume, tout aussi bon que ce tome (je l'avais d'ailleurs placé en tête de mes chouchous de l'année 2010). Saluons aussi en passant le traducteur, Philippe Touboul, qui n'est autre que l'un des deux larrons responsables de la librairie Arkham, à Paris, spécialisée dans les comics. (Si vous ne connaissez pas les lascars, je vous conseille leurs présentations vidéo des dernières nouveautés reçues en magasin, du sérieux dans la déconnade. Et allez donc faire un tour, rue Broca, c'est vraiment une chouette boutique. Fin de la  parenthèse promo.)

Enfin, comme c'était un prix de lecteurs, sachez que l'édition 2013 est d'ores et déjà en route, et que, bientôt, vous pourrez vous aussi participer au vote. Je vous en donnerai toutes les modalités dès qu'elles seront connues. En attendant, bienvenue dans l'univers fantasque, déjanté, extraordinaire, drôle, intelligent de Bryan Talbot. Bienvenue à Grandville !

dimanche 27 mai 2012

Cérémonie Prix SNCF du POLAR : demandez le programme !

Je vous l'avais annoncé il y a quelques jours, en voici quelques détails pratiques.
Cela se passera Mardi 29 mai, GARE DE LYON, Hall2, où des animations, toutes gratuites, sont proposées de 10h à 19h :

- Studio Photo Polar
- Découverte des romans, BD et courts métrages des sélections 2012 du PRIX SNCF DU POLAR
- Quizz polar et musicaux avec de nombreux cadeaux à la clé
- Concerts de musique polar
- Inscription au Club PRIX SNCF DU POLAR

Puis la cérémonie elle-même débutera à partir de 19h, dans ce même Hall 2. Les Prix SCNF du Polar seront décernés pour le court-métrage, le roman et bien, sûr, la Bande dessinée.
Alors, pour savoir qui de Aller-retour, La faute aux Chinois, Les Faux visages, Grandville, ou l'Organisation sortira en tête des 2139 bulletins de vote, une seule destination : Paris, Gare de Lyon, mardi 29, 19 h ! Je serai là, et rencontrerai avec plaisir les lecteurs et lectrices de Bédépolar.

vendredi 25 mai 2012

[Chronique] - Aller-retour (Bézian)


Basile Far arrive dans un petit village non loin de Carcassonne pour y mener une enquête. Pour une agence d'assurance. Avec sa silhouette de géant, l'homme pourrait être facilement repéré par l'autochtone.
 Mais « Pourtant, Basile Far a l'élégance de certains personnages massifs, plutôt Hardy que Sergent Garcia  : il sait habiter le décor au point de passer inaperçu. D'ailleurs, c'est un don héréditaire. Dans sa famille, chacun sait disparaître avec un talent consommé. Une véritable prédisposition à l'impermanence ».

  Voilà. Tout le noeud de l'intrigue – mais ici, le terme intrigue est presque inapproprié – tient dans ces quelques lignes de la page 17. Basile est de retour sur des terres qu'il l'ont vue grandir, pour y éclaircir un passé – le sien - empli de zones d'ombres. Tout le reste n'est que prétexte.
Le premier personnage croisé dans son enquête est le photographe, qui lui parle lumière et faux-semblants. Basile va naviguer entre clarté et obscurité, dans un de ces nombreux allers – retours que le titre de l'album, au singulier, ne laisse pas immédiatement présager. 

On fait avec lui un bond dans le temps et nous voici à arpenter à ses côtés des rues où une Dauphine fait figure de voiture moderne, et où De Gaulle discourt à la radio. Où l'on Belmondo n'est pas encore Bébel mais la joue plutôt moderato cantabile, et où il partage l'affiche avec le Gabin de l'Affaire Saint Fiacre. Un Maigret qui n'est pas là par hasard : c'est dans cette affaire que le commissaire revient sur les chemins de son enfance. Tout comme Basile, qui lui, croise régulièrement des gamins au fil des pages. L'enfance, clé de toute cette histoire ? Une piste possible, quasi-certaine, mais...

Le lecteur pourrait perdre pied dans ces méandres, et se retrouver comme le spectateur de cet autre Maigret, « La nuit du Carrefour », où « la pluie et le brouillard, qui ont gagné la bande-son et rendent l'histoire pratiquement incompréhensible ». Mais non. Le lecteur suit les errances de Basile et même s'il se pose la même question que le médecin - autre personnage important de l'album – ce « qu'est-ce que vous cherchez ? », il finit par boucler la boucle, comme Basile. 

Vous l'aurez compris, cet album de Bézian – auteur de l'admirable « Les Garde-fous » - est un périple aux multiples étapes, un voyage mémoriel destiné à dénouer un mystère personnel, et que formellement, l'auteur illustre avec virtuosité. Après trois planches en couleur, suivent soixante-dix pages où Bézian cadre et éclaire tel un chef-opérateur au sommet de son art. Ses planches sont des merveilles, et « Aller-retour » est un album d'une richesse graphique exceptionnelle. Il fait partie de ces livres qui marquent, vers lesquels on revient, certain d'y découvrir une autre interprétation de l'histoire, ou de ressortir avec une différente vision de la précédente lecture. Les livres intriguant. Les livres captivant. Les livres de Bézian !

Aller-retour
Texte et dessin de Frédéric Bézian
Delcourt, 2012 – 80 pages couleur et noir et blanc
16,95 €

samedi 19 mai 2012

[Chronique] - London Running : Plus vite, plus haut, plus fort ! Matt Peterson déboule


Matt Peterson est reporter photographe et couvre pour l'Equipe les Jeux Olympiques de Londres, avec son collègue journaliste Grégoire Blanchard. Ce sont ses premiers JO, et il compte bien en profiter, même s'il constate assez vite que la sécurité du site atteint des niveaux difficilement tolérables pour les médias qui veulent approcher les athlètes. Matt réalise tout de même une première série de clichés, et là : bingo ! Le service iconographique de son journal lui signale une chose étrange sur une des photos envoyées : le marathonien Tchèque Miroslav Palick, qui tourne le dos à Peterson, est en train de regarder une photo sur son propre portable, et c'est celle d'une femme bâillonnée et au visage baigné de larmes... Le reporter essaye aussitôt d'en savoir plus et va mettre à jour un complot qui dépasse largement les enjeux purement sportifs.

Cette nouvelle série – coéditée par L'Equipe et Casterman – s'attaque à un domaine un peu délaissé par les auteurs de bande dessinées polar (et par les autres aussi, d'ailleurs), le sport. Ou plutôt, le côté obscur de la force physique, celui qui s'exprime dans les dérives du sport business. Bonne idée, car il y a vraiment matière, et pour cette première manche Bollée imagine un chantage sur un obscur athlète, pris dans les rouages d'un mécanisme qui le dépasse et sert des intérêts politiques et financiers à un très haut niveau. Le pion sacrifié pour la victoire finale, quoi. L'intrigue est fluide et bien construite, dès les premières pages et cette sorte de séquence « pré-générique », un an avant les Jeux, jusqu'à un final haletant comme une course d'obstacles. La forme rejoint le fond, c'est assez bien vu. 
Côté personnages, le héros n'a pas froid aux yeux – normal, c'est un héros – mais conserve un regard assez frais sur le monde, et ne semble pas encore blasé, ni lassé, par ce qui l'entoure. Il est aussi dragueur (et ça marche très vite, même avec les policières inconnues : c'est là que le lecteur voit qu'il lit une fiction) et a un passé mystérieux, où son père, croisé furtivement dans ce premier tome, joue un rôle important. On le recroisera certainement, ainsi que les méchants qui n'ont pas l'air d'être de la petite bière, dans le prochain tome, mais ce « London Running » peut se lire seul. Graphiquement, le trait est réaliste, évoquant par certains côté Hermann, et Stom utilise, par touches discrètes, des inserts photographiques, qui accentuent le coté immédiat et contemporain de la série. « Matt Peterson » mérite qu'on s'y attarde, et on l'attend maintenant au prochain virage, peut-être celui du Tour de France du centenaire, en 2013, comme cela est évoqué dans une des dernières pages de ce tome ? Ou alors le foot et sa folie permanente des grandeurs ? Les sujets sont légion...

Matt Peterson 1 – London Running
Scénario Laurent-Frédéric Bollée et dessins Stom
Casterman / L'Equipe, 2012 – 56 pages couleur – 10,95 €

jeudi 10 mai 2012

[Chronique] - Fanch Karadec 2, l'affaire Malouine


Fanch Karadec et Soizig passent quelques jours en amoureux sur l'île Chausey. Quelques moments de tranquillité perturbés pour Fanch, qui découvre le cadavre d'une jeune femme sur la plage, au petit matin. Mais déjà, la veille, au cours d'une soirée dansante nocturne, un malfaisant avait fait les poches de tous les fêtards, à la faveur d'une coupure de courant... Se pourrait-il que les deux événements soient liés ? L'esprit vif du retraité Breton fait vite la connexion : un jeune homme au bonnet rayé était présent aux deux moments. Et voici que Fanch apprend qu'un second cadavre a été retrouvé, et qu'il s'agit cette fois du cousin d'un ami à lui. Il n'en faut pas plus au limier de Paimpol pour tenter de résoudre ce nouveau mystère.

Deuxième enquête de ce sympathique personnage (créé sur une idée de Loisel et Kraehn, comme le rappelle le sticker rouge de la couverture) et encore une fois, une lecture plaisante.
Comme dans « Le mystèreSaint-Yves » , Stéphane Heurteau construit une histoire sur le mode classique, avec une enquête qui suit son cours tranquillement, où le détective amateur découvre les indices au fur et à mesure, et progresse lentement, mais sûrement. Il est aidé par une brochette d'amis assez truculents, dont le massif Serge, marin barbu à l'épaisse silhouette et à la casquette enfoncée sur les yeux, déjà présent dans le précédent volume, et nouvelle venue, par une avocate cocotte et intrépide. Cette enquête est aussi prétexte à un périple breton dont les étapes se nomment cette fois St Sulliac, St Malo, Chausey... Sébastien Corbet restitue bien cette Bretagne maritime, et ses personnages tout en rondeur bonhomme apportent un peu d'humanité et de chaleur à une histoire tout de même assez sombre. Fanch Karadec est en train de prendre discrètement sa place dans la grande famille des démêleurs d'intrigue... et c'est tant mieux !

En prime, ici la bande annonce avec des images qui bougent et le blog de Stéphane Heurteau
Allez hop, tous en Bretagne !

Fanch Karadec 2 – L'Affaire Malouine
Scénario et couleurs Stéphane Heurteau , dessins Sébastien Corbet
Vagabondages, 2012 - 64 pages couleurs – 14,80 €

lundi 7 mai 2012

TRAMP : Kraehn en dédicaces à Dinan, samedi 12 mai

Il y a un petit moment maintenant que Yann Calec écume les océans du monde entier pour des aventures toutes plus trépidantes les unes que les autres. Jean-Charles Kraehn (scénario)  et Patrick Jusseaume (dessin) ont créé cette série il y a presque 10 ans maintenant, puisque c'est en 1993 que paraissait "Le Piège", premier volume d'un cycle de 4 tomes qui s'achèvera avec "Pour Hélène"

Le dixième tome qui est sorti il y un peu plus d'un mois, "Le Cargo maudit" voit lui le retour du héros au pays, mais évidemment, tout ne sera de tout repos, dans cette histoire qui se déroule dans le port de Rouen, dans les années 50. 

Si vous souhaitez en savoir plus sur Tramp en général et cet album en particulier, et que vous n'êtes pas trop loin de Dinan, voguez jusqu'à la libraire "Le Grenier", au 6, place Duclos, où vous pourrez rencontrer Jean-Charles Kraehn himself, samedi 12 mai  à partir de 14h30.

Pour plus d'infos, appelez le 02 96 33 59 83 ou allez faire un petit tour sur le site de la librairie.
Bon vent !

vendredi 4 mai 2012

Le Prix SNCF du Polar catégorie BD est sur les rails... Arrivée le 29 mai


Bon, j'aurais dû en parler plus tôt, mais sachez qu'après son désormais renommé prix récompensant un roman élu par les lecteurs-voyageurs, la SNCF s'attaque au neuvième art et pour la première fois va décerner un prix pour une bande dessinée polar. Et pour cette première, l'heureux élu figurera parmi les cinq albums suivants :

Aller-retour, de Bézian (Delcourt)
Les Faux visages, de David B. et Tanquerelle (Futuropolis)
La Faute aux Chinois, de Ducoudray et Ravard (Futuropolis)
Grandville mon amour, de Talbot (Milady graphics)
L'Organisation, de Cooke d'après Stark (Dargaud)

Une sélection du meilleur goût, mais je n'ai pas de mérite à la vanter puisque je fais partie du jury d'expert qui l'a constituée, aux côtés de Pénélope Bagieu ( dessinatrice à la vie tout à fait fascinante), Laurence Le Saux (Télérama et BoDoï), Eric Libiot (L'Express), et Christian Marmonnier (journaliste spécialisé dans la bande dessinée, auteur notamment du colossal "Métal Hurlant, la machine à rêver" avec Gilles Poussin).
Pour cette première, les lecteurs ont pu lire et voter à la Gare de l'Est, du 23 au 27 avril, (ici, un petit reportage sur l'ambiance sur place pendantcette semaine) et le verdict sera rendu public lors de la cérémonie de remise officielle des prix SNCF du polar le mardi 29 mai.

Et pour le prix 2013, ce sont les lecteurs-voyageurs de la France entière qui pourront choisir leur album préféré... Suivez Bédépolar pour être dans le bon wagon et connaître la première sélection dès sa sortie !

En attendant, n'hésitez pas à lire ces 5 albums, si vous ne l'avez déjà fait, ils sortent tous de l'ordinaire, chacun à leur façon. J'ai déjà chroniqué 4 de ces 5 titres, je vais me refaire un Aller-Retour avec Bézian pour vous en parler avant le 29...